L'essor de l'innovation ouverte et des plateformes d'idéation

Du crowdsourcing d'idées à la recherche de solutions.

Les plateformes d'idéation et d'innovation ouverte peuvent répondre rapidement et efficacement à un problème ou à la génération de nouvelles idées grâce à la réutilisation de connaissances ou d'idées externes. Le gain de temps et les nouvelles possibilités offertes par cette approche attirent de plus en plus d'entreprises.

Inventées dans les années 2000 et mises en service en 2010, les plateformes d'innovation ouverte connaissent une croissance constante, comme en témoigne le doublement du nombre de défis publiés chaque année.

Les plateformes d'innovation ouverte gèrent la recherche et l'intermédiation entre les chercheurs et les résolveurs, organisés autour d'un sujet spécifique (un défi) de la même manière que les autres places de marché.

Le plus souvent, l'intermédiation se fait entre une entreprise et des individus (crowdsourcing d'idées), ou des spécialistes impliqués dans la recherche scientifique ou ayant une expertise particulière (recherche de solutions).

Il existe des modèles spécifiques de plateformes d'innovation ouverte qui impliquent par exemple des étudiants (Agorize) ou des start-ups (Club Open Innovation). Les offres peuvent être regroupées en deux catégories :

Fig.1 : les différents types de plateformes d'innovation ouverte 

Les plateformes d'idéation visent à exploiter "l'intelligence collective"

Soit avec la plus grande audience, ce que nous appelons le "crowdsourcing d'idées" (cf.  Spigit, Agoriser, Wazoku etc ...) ou vers certaines communautés, par exemple les employés d'une entreprise (voir les solutions d'intranet social comme Jive)

Plateformes d'idéation : le concept

Ces plateformes d'idéation particulières permettent de restreindre ou d'élargir le public ciblé par exemple les consommateurs d'une marque ; Coca-Cola, Oreo ou Patagonia sont de grands utilisateurs qui organisent des concours d'idées pour améliorer leurs produits, leurs campagnes publicitaires etc... L'idée retenue donne naissance à un projet et l'inventeur est récompensé.

Les plateformes de solutions recherchent les meilleurs experts

Les plates-formes de solutions, quant à elles, visent à résoudre un problème donné. Ces plateformes d'innovation ouverte font connaître un problème spécifique à un certain nombre de personnes ciblées comme étant potentiellement capables de le résoudre. Elles ont une fonction d'intermédiaire et peuvent fournir une base de données d'experts, la gestion du projet et la possibilité pour le demandeur de cacher son identité.

Nous distinguons deux formes de plateformes de solutions :

– les places de marché offrent aux experts la possibilité de s'inscrire sur leur site web et les informent lorsqu'un défi correspond à leurs compétences

les plateformes de recherche d'experts proposent d'identifier les meilleurs experts du domaine de la question et de la soumettre spécifiquement à ces experts.

Les places de marché des plateformes d'innovation ouverte (innocentive, innoget...) sont relativement simples à mettre en place mais doivent investir dans leur notoriété pour créer leur base de données d'experts (200k à 400k pour les plus grandes). Il leur est difficile d'être polyvalentes ou de qualifier l'expertise réelle de leurs membres.

Les plateformes de recherche d'experts et d'innovation ouverte sont plus complexes à mettre en œuvre car elles nécessitent des moyens d'identifier et de contacter les experts (en utilisant des techniques d'exploration de données). Mais elles peuvent s'appliquer à n'importe quel sujet, garantir la pertinence des personnes contactées et faciliter la gestion de la confidentialité puisque les défis ne sont pas nécessairement publiés sur le web mais envoyés directement aux experts.

Faits et chiffres

Pour mieux comprendre l'activité de ces plateformes d'innovation ouverte, examinons quelques statistiques clés (étude basée sur les données publiques de ideXlabInnoCentive, Innoget et NineSigma).

Une croissance continue de 100% par an

On constate une croissance de près de 100% par an du nombre de questions posées sur les plateformes d'innovation ouverte, avec plus de 500 en 2013 et un total de plusieurs milliers depuis leur création. Bien que ce nombre soit difficile à estimer, nous pensons qu'environ 5000 défis ont été publiés par ces acteurs à ce jour. Ce chiffre ne tient pas compte des défis gérés directement sous la marque de l'entreprise avec l'aide d'intermédiaires, ni de ceux qui sont confidentiels.

Une augmentation significative des défis d'un montant plus faible

Environ 50% des défis publiés sur les plateformes d'innovation ouverte incluent un montant de récompense explicite.

Ces prix ont diminué de 25% par an au cours des trois dernières années pour atteindre une valeur moyenne de 20 000 euros en 2013. Cette baisse de la moyenne est largement dictée par la forte augmentation des défis avec des récompenses inférieures à 10k€. Ils représentent la moitié de l'activité des plateformes d'innovation ouverte en 2013 mais étaient inexistants en 2011. Cette évolution fait suite à une pénétration de l'innovation ouverte dans davantage d'entreprises et de catégories de produits, y compris les PME. En effet, en recourant plus systématiquement aux plateformes d'innovation ouverte, les entreprises recherchent davantage de solutions de moindre valeur. C'est particulièrement vrai pour Innocentive ou ideXlab alors que NineSigma se spécialise dans les "grands défis" d'une valeur de plusieurs centaines de milliers à un million de dollars.

Durée moyenne de résolution de 90 jours

La durée moyenne d'un défi est de 90 jours avec une grande variabilité selon les plateformes d'innovation ouverte. Certaines privilégient des durées courtes (~6 semaines) et d'autres des durées plus longues (24 semaines comme Innoget). Cette différence s'explique en partie par la nature des défis. Les demandes de transferts de technologies spécifiques ont tendance à être traitées plus rapidement que les demandes d'idéation plus larges.

Les sciences de la vie et l'informatique sont en tête.

Il existe des plateformes d'innovation ouverte spécialisées, par exemple dans le domaine du développement social. Open Ideo ou l'acquisition de brevets en tant que Yet2.com et bien d'autres encore. Les domaines couverts sont donc très vastes, mais ce sont les plateformes généralistes d'innovation ouverte qui accueillent le plus grand nombre de demandes.

Parmi ceux-ci, les domaines les plus demandés sont dans l'ordre : les sciences de la vie, l'informatique et l'électronique qui constituent 70% du total, loin devant la santé ou l'agriculture qui témoignent probablement d'une méconnaissance de ces outils dans certains secteurs industriels et donc d'un grand potentiel de marché supplémentaire.

       Fig.2 : répartition des défis par domaine 

La recherche contractuelle est le format de collaboration le plus populaire

La nature des partenariats varie en fonction de la maturité de la solution recherchée, de l'idée théorique aux accords de fourniture réels.

La catégorie la plus recherchée sur les plateformes d'innovation ouverte est la recherche sous contrat (53%), par laquelle une entreprise conclut un accord pour financer la maturation ou la mise en œuvre d'une technologie développée dans le cadre d'activités de recherche antérieures. Il s'agit d'une situation où l'"effet de levier de l'innovation" est idéal car il permet de bénéficier des connaissances et des résultats existants tout en permettant d'acquérir des droits exclusifs auprès du fournisseur à un coût raisonnable. Viennent ensuite les licences de technologie (14 %) et les développements conjoints.

                       Fig3 : Répartition par type de contrat

En conclusion, notons que l'offre de plateformes d'innovation ouverte est désormais bien structurée. Le nombre de transactions a fortement augmenté ces dernières années et la pratique est largement utilisée pour les projets de grande et de petite envergure. Cependant, tous les secteurs industriels n'ont pas encore adopté l'innovation ouverte et il existe donc des marchés prometteurs inexploités à pénétrer.

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